Hélas Végas

Hallucination collective in Las Vegas (2012)

Un détour par Las Vegas, dont vous partirez les poches sous les yeux et vides par ailleurs, mais où vous gagnerez la banane d’Elvis !

_ _ _ Note 05-10 23 : mon voyage en octobre 2011, où le 5 au soir je suivais en direct les breaking-news pour la mort de Steve Jobs. Raccourci brillant sur la teneur idéologique douteuse, de ce voyage de presse._ _ _

Le style de Las Vegas, c’est passer en un clin d’oeil d’un sublime moderne, au clinquant vulgaire, entre les nouveaux bâtiments des hôtels du City Centre et le César palace, le Paris, le Venitian, ou le New York-New York. Tous ces styles d’architecture sont une puissante illustration de l’art du « sur-vivre », titubant entre grandeur et banalité à millions de volts. Une quintessence du too much invoquée en référence au mouvement Post Moderne des années 80  dans l’exposition Postmodernism au V&A de Londres (Victoria & Albert museum http://www.vam.ac.uk) qui s’est close le 15 janvier dernier (2012). Le catalogue d’exposition y cite le critique d’art italien à tendance marxiste Bruno Zevi. Il définissait la quintessence postmoderne, par un  constat sur cette esthétique architecturale aux perspectives urbaines saturées d’enseignes : «Trivialité et artifice, en abandonnant le modernisme pour choisir un style entre Versailles et Las Vegas, soit la sclérose ou l’overdose».

La ville des excès parie sur les outrances, en divertissement, en architecture, en restauration, en limousines stretch, en boutiques de luxe s’alignant dans les shopping mall. On mise sur tous les degrés de la distraction,  du fascinant au merveilleux, en virant assez vite, tout simplement au choquant et assommant.

Si vous atterrissez en fin de journée, bookez un survol du Strip de nuit en hélicoptère (Maverick www.flymaverick.com). La ballade, sur les 5 miles de l’artère principale, offre une vue d’ensemble pyrotechnique de la succession des délires architecturaux, et de l’accumulation d’enseignes lumineuses se reflétant dans les parois de verre du centre de cette ville paradoxale, plantée au milieu des magnifiques collines du désert de Mojave. L’altitude vous exposera au vrai pouvoir de fascination de la ville, par ce qu’au sol on est littéralement arrosé par un brouhaha continuel de musique, une confusion qui procure un sentiment persistant d’urgence et d’inutile.

L’horizon traversé autrefois par les néons géants des motels au milieu des cactus a subi plus d’une métamorphose depuis  l’irruption de la société des jeux en 1946 avec l’édification du Flamingo hotel de Bubsy Siegel.

La ville des plaisirs a été fabriquée en extension catapultée de la banlieue de Los Angeles, en mode gigantesque à l’image du continent. Enclave de tous les excès dédiée au divertissement d’une faune flambeuse de dollars gagnés à Hollywood, jusque dans les années 70. Après une éclipse de sa gloire hype entre les années 80 et 90  où la ville était jugée trop tacky (toc, vulgaire) . Aujourd’hui, et depuis les succès des films Very Bad Trip 1 et 2 (il ya 11ans..), la vague du séjour à Las Vegas est de retour en vogue (un bon exercice de prononciation obsolète et superficiel pour starlette en mal de rôle). 

Ce sont les constructions ultra-modernes du City Center qui accueillent l’afflux des touristes, même si cette manne accuse une baisse significative depuis 2008, crise oblige.

Les restaurant, clubs, théâtres, salles de jeux, accueillent une population touristique résidant dans un parc de 150 000 chambres d’hôtels (148 935 pour être « sharp »), fonctionnant grâce à une moyenne de 4000 salariés par Hôtel, sans compter les employés saisonniers. Mais malgré, ou à cause de cela le taux de chômage détenu par le Nevada approchant les 14% est un record pour les USA. Quelques établissements historiques ont même récemment fermé leurs portes, et un grand nombre de projets de constructions ‘’Pharaonniques’’ sont au point mort.

Le chiffre d’affaires de la ville est passé de 370 Millions de $ en 1970, à environ 9 Milliards de $ l’année dernière, après avoir dépassé les 10 milliards de $ en 2006 et 2007. Le New York times relayant en octobre 2010, les rumeurs de grave crise à Las Vegas, le Las Vegas Sun a fustigé cette nouvelle attaque de l’Est « snob » contre l’Ouest « entrepreneur ».

Les difficultés économiques récentes n’ont cependant pas différé l’érection d’un quartier futuriste, littéralement sorti de terre en 2009, le City Center. Cette portion entière de la ville, où les bâtiments sont virtuoses : tranches de verres ou empilements de façades miroirs signés  Peli Clarke Peli, Daniel Libeskind ou Kohn Penderson Fox. Les plans de son développement, quasiment spontanés, ont été confiés aux cabinets US les plus réputés en architecture ultra moderne..

L’ensemble interprète 5 variations autour d’un style « grand luxe », au fil de trois hôtels : le Vdara, l’Aria et le Mandarin Oriental. Ce dernier est le seul qui n’a pas de salle de jeux, ce qui est bon à savoir si on veut résider à Vegas autrement, mais le veut-on ?. L’ensemble est flanqué par la Veer Towers, un ensemble d’appartements privés dans une tour de verre de 37 étages contenant 355  résidences, dont la silhouette dessinée par Helmut Jahn rappelle les lingots d’or. A la base de toutes ces tours, le Crystals, une réalisation complexe hérissé de pointes et de parois acrobatiques réunissant une galerie de magasins de prestige : Vuitton, Prada, Tom Ford, entre autres. Toutes ces merveilles architecturales abritent une flopée de bars, restaurants et théâtres. La multiplication de ces prodiges du luxe et de ces prouesses bâtisseuses provoque l’ivresse ou le  tournis, à Vegas on est épaté jusqu’à l’écœurement.

Il faut que ça flambe pour les premiers rôles de l’économie mondiale car c’est  l’industrie du divertissement et les fortunes du pétrole qui ont investi le cœur de Vegas. Le nouvel ensemble a été développé grâce à un joint venture entre MGM Resort et l’émirat de Dubaï, effaçant l’histoire du cebntre de Végas, dans le mouvement.

L’addition à payer pour la ville machine de divertissement massif se présente sous la forme d’un équilibre écologique plus que précaire, avec une empreinte énergétique qui nécessite plus 1500 mégawatt par jour en plein désert de Mojave, un des plus aride de la planète. Ce « miracle » est rendu possible grâce à la retenue des eaux du Colorado par le barrage du lac Meade, une des plus grosse retenue d’eau du monde à sa construction en 1935. Les défenseurs de la nature prophétisent un péril rapide de la rivière Colorado et de l’écosystème fragile qui l’alimente.  La rivière des westerns  traversant majestueusement le grand Canyon pourrait ne plus être aussi généreuse dans l’avenir. Desservant 7 états ainsi que le Mexique, ce n’est pas une simple arrivée d’eau pour 30 millions de personnes.. Faire tourner les établissements de la Babylone du passe-temps c’est aussi compter avec l’ensemble de 400 000 habitants employés. Musiciens, artistes, et tous les autres métiers indispensables au bon fonctionnement des usines à distraction, les banlieues ont tendance à l’étalement. L’écologie y est cependant encouragée, voire conseillée  par la municipalité: en évitant par exemple de planter du gazon. C’est dans cet effort de préservation assez cynique de l’environnement que la municipalité mène une campagne dissuadant les habitants de décorer ses parterres, mieux vaut sans doute garder l’eau pour inonder les cours de golf et les corps gras se prélassant dans les hectolitres des piscines et les multiples spas de luxe du centre ville. Les fontaines dont l’immense fontaine « lyrique » de l’hôtel Bellagio ou la mer intérieur du Mirage seraient alimentées en circuit fermé, on ne sait pas d’où se recycle l’évaporation.

Cependant, toutes ces petites préoccupations environnementales et pusillanimes ne vous atteindront plus au 31ème étage du Cosmopolitan, l’autre merveille ultra design décorée par  David Rockwell et inaugurée en 2010. Vous y profiterez d’un coucher de soleil d’anthologie sur votre terrasse, un privilége rare à Végas, les balcons ont été interdit suite à une forte hausse de « suicide » de ruinés.

La perspective des nuages d’orage (exceptionnel) teintera de rose corail et gris acier les collines du désert du Mojave à l’horizon, alors qu’un avion traversera sans doute votre champ de vision. C’est sans doute un jet privé, car Vegas ne draine pas seulement une large population de participants de congrès internationaux, de familles américaines en vacances, ou de touristes étrangers. 30 % de ces visiteurs font parti du club des millionnaires qui peuplent notre belle planète. Pilotés et logés spécialement dans des extensions ultra sélect des hôtels de city Centre, comme l’Aria dont la construction a bénéficiée du label Green Key avec les dernières mesures en matière de construction éco responsables. Ces touristes prospères viennent distraire leurs millions dans des salles privées aux frais des établissements de luxe.

La crise et les soucis d’écologie en faillite n’ont pas troublés les « opening parties » des merveilles du centre de Vegas. On y compte, outre Le Cosmopolitan au développement confié en partenariat avec une société émanant de la Deutschbank, les hôtels Wynn et Encore. Ces ultimes réalisations du groupe Wynn, du nom de Steve Wynn, fondateur au  profil très « american success ».  Cet entrepreneur natif de la côte Est relance dans les années 70 le Golden Nuggets, un établissement situé dans Fremont  Street : l’ancienne artère du divertissement tombée en désuétude. On y retrouve aujourd’hui, entre plusieurs établissements défraichis, le Neon Museum, poignant cimetière des prometteuses enseignes lumineuses du passé.

Steve Wynn, fonde ensuite le Mirage, et redistribuera les cartes en matière de notion d’hôtel de luxe à Las Vegas. L’hôtel enferme un faux volcan, une mer intérieure et un bateau de pirates. Il poursuivra son parcours en développant le Belagio, où l’on peut toujours visiter  sa collection de tableaux de maîtres, de Monet à Hockney en comptant Picasso, Matisse et quelques impressionnistes. A propos de Picasso, il est le propriétaire du rêve de Picasso (avec un malheureux accident de coude qui creva la toie, parabole du collectionneur qui trébuche). Le rêve dont il recycle à l’envie le thême dans L’hôtel Wynn, et son extension jumelle le Encore qui ont été conçus sous son égide par le décorateur Roger Thomas, comme une série de clins d’œil en hommage au phantasme des styles de Las Vegas des années 50. Le décor des chambres est inspiré des passions de Steve Wynn, entre autres sa collection de Matisse et son emblème personnel, le papillon y sont déclinés sous toutes ses formes. On vous conseille un dîner au Switch, restaurant de l’hôtel Wynn, un ravissement pour les papilles et un phénomène kitsch dont la décoration permute en disparaissant dans les plafonds et les sols comme une scène de théâtre toutes les 20 mn.

Y aller en 2023 ? Equête ..

Hotels :

L’Aria au design aérien, lumineux et Ecolo, renferme des merveilles entre ses œuvres  d’artistes contemporains telles Maya Lin et Jenny Holzer et sa sélection de restaurant de pointe pour en citer deux parmi les 16 :  le restaurant Espagnol du chef Julian Serrano, ou le Jean Georges Steakhouse qui repousse les limites de l’excellence en matière de Steak !

Le Cosmopolitan : Dernier né au design chic et à l’ambiance coruscante, demander une chambre face à la fontaine du Bellagio, un must, on y voit le Paris de son balcon et aussi plus loin les collines fauves du Mojave obscurcies de nuages, sublime..

Le Encore : le petit frère du Wynn, somptueux, dispendieux, classieux, un golf sur plus de 6 hectares, et une piscine comme dans les années 50.

http://www.wynnlasvegas.com/

Pour avoir un bon point de vue sur tous les spectacles, les billets disponibles :

http://las.vegas.eventguide.com/months/11dec.htm

Le site officiel pour organiser son voyage à  Las Vegas :

http://www.vegas.com/

Pour les nostalgiques nous recommandons une délicieuse vidéo privée sur Viméo qui donne une vue assez juste de l’ambiance de la Game City en 1962 avant sa transformation en Sin City.

http://vimeo.com/30582217

Musées :

Auto Collection, des voitures sans limitation de luxe: (lien ne mène plus à site) (Fermé il ya 6 ans)

Neon museum, sur tout un quartier l’histoire des lueurs d’antan : http://www.neonmuseum.org/

Bellagio, la collection d’art réunie par Steve Wynn : http://www.bellagio.com/amenities/gallery-of-fine-art.aspx (ne mène plus qu’au site de l’hôtel).

Atomic age, c’est dans le désert du Nevada qu’eurent lieu dans un enthousiasme bon enfant, (qui est décrit avec délice pérvers dans le filme Oppenhaimer). les premiers essais de la bombe atomique:

(lien new mène à site)

Sélection de restaurants :

Le Central au Caesar Palace, ouvert 24 h sur 24 et 365 jours par an pour un style mixant la cuisine française et l’excellence américaine : fermé

(lien ne mène plus à site)

Gagnaire au Mandarin Oriental, pour diner sur les notes de l’éminence culinaire française dans un cadre ultra moderne rythmé par un service d’exception : Fermé il y à 5 ans.

(lien ne mène plus à site)

Vidéo au Gagnaire, myself prod, prise et montée en 2011.

Le Jaleo au Cosmopolitan : Une sélection de tapas succulent, dans un décor bariolé, et un service au petits oignons.

(lien ne mène plus à site)

Bar Masa à l’Aria : le chef japonais Masa Takayama apporte dans ces bagages sa réputation gagnée à New York avec une gestion ultra respectueuse mais résolument moderne des fondamentaux  de l’art du cuisiner au Japon. Fermé il ya 6 ans.

(lien ne mène plus à site)

Et si vous faîtes un détour par Fremont Street pour y admirer le walk du Neon muséum et son ambiance démodée,  on vous invite à tester les excellentes crevettes du Golden Nuggets, où une atmosphère désuète et un service dans des assiettes en plastique valent le détour et vous remettra en mémoire ce qu’a été et demeure Las Vegas, cachette pour retraités esseulés, rescapés des bachelors et weddings parties…

Home made Vidéo montage,comm’. BBB