
Lors d’une série de podcast des entretiens enregistrés de François Bernard Mâche compositeur, chercheur universitaire, prix de Philosophie de la musique dans la classe d’Olivier Messiaen au Conservatoire national supérieur de musique de Paris, titulaire d’un Doctorat d’État de musicologie.
Le compositeur, esthète du son, décrit une rencontre : invité avec un étudiant en musique et technologie américain, cet étudiant lui joue une démonstration d’un instrument électronique de sa création, ravi de sa découverte et de la partager.
Mais FB Mâche lui en demande alors l’application, un exemple de composition ou de contribution pour un ensemble, à quel poste ou pour quelle fin, quelle couleur, quelle composition ? servira cette découverte dont cet instrument et le son qu’il créa.
Mais l’inventeur paru décontenancé par cette question, l’instrument, cette technologie existait en soi, c’était une découverte, or cela n’avait pas été créé pour un besoin spécifique de poste à tenir dans une formation ou la recherche d’un son spécifique, l’instrument d’un effet ou d’un sentiment musical, c’était un effet sonore qui existait sans être recherché.
FB Mâche regrettait ce manque d’une application, d’un poste d’une couleur, il soulignait que cette technologie faisait partie d’une notion du fétiche.
Un objet chargé d’un sens magique et d’une influence bénéfique.
« LA technologie devient un fétiche dont on ne sait pas l’usage créatif, si l’on applique à des disciplines passées, les limitant à cette fonction de révélateur d’une invention stérile ». L’homme technologique l’avait créé, il se suffisait en tant que tel.
Peut on réagir et développer cette notion du fétiche, tant dans notre civilisation numérique, équipé, accessoirisée, augmentée. Nous sommes partis vaillamment équipés, augmentés, gavés à l’assaut d’une escalade du mieux, un sommet qui nous fera aborder un nouveau territoire, sans réellement estimer l’autonomie perdue par nos sens et celui de notre nature originelle. Cette chaine vertueuse, où les humains ont un esprit décuplé par la recherche fondamentale, puis d’autres s’en saisissent dans l’application et l’invention de création d’outils, puis en fin de chaine, le commercial, l’acheteur équipé qui en subit les conséquences, entre les logiques d’exploitation de ressources, l’optimisation des chaines de productions finalisé dans un marketing au ton triomphant nous livrant tous au destin de futurs abonnés, ces chanceux équipés par ces merveilles.
Le recours récent aux algorithmes de l’IA décliné dans les disciplines multiples d’une productivité qui se trouve décuplée, « la plus grande révolution humaine depuis la naissance de l’écriture ».
Est-il judicieux de rappeler, que les penseurs des républiques de la Grèce antique regrettaient en leur temps que l’homme ait adopté l’écriture, ce qui entrainerait de nombreux dommages contre l’indépendance de l’esprit humain et en outre porterait la conséquence de geler son savoir, même si par l’écriture on cherchait à partager les effets bénéfiques du savoir, cela aurait pour effet de figer la substance du savoir et encore plus lorsqu’il s’agirait d’une croyance, ou de quel qu’autre légende, de la muer en une vérité impossible à contrer et anti questionnable, puisqu’elle serait écrite.
Écrire aurait limité la mémoire, la plasticité et les capacités de l’esprit humain, par extension la puissance et la force de l’esprit.
Dans un condensé vertigineux depuis les âges de fondation de l’esprit critique et de la culture occidentale, le recours au téléphone portable devenu l’instrument qui nous tient sous le joug de la traçabilité et d’une dépendance quotidienne semble cristalliser ce développement ironique, augmenté mais limité, sans le mode d’emploi et l’énergie, comme autant de guichets payant, l’objet ne serait rien.
Le fétiche est un objet auquel on attribue un pouvoir magique et bénéfique.
Les dépendances et leurs contre coups infligés par le recours au fétiche serait chargé de sens puis sera devenu un objet maudit.
Intelligence artificielle ou comment tricoter du code les algorithmes afin de les lier à une occupation rémunératrice. Créer une nouvelle chaîne de production générée pour une nouvelle espèce de travailleur à la chaine, sans affect ni vies sociales, des ondes électriques seules dévolus à la seule application d’un emploi. Occupant les postes et emplois de travailleurs incarnés évanouis.
Nouvelle masse salariale.. ?
L’homme pourrait-il alors, libéré, reprendre ses esprits ?