Faste

FAshion. show Tom Ford W 25

« Faste » Fashion 2025

Vu par la lucarne du stYLite agoraphobe.

Ou se trouble le genre ?

Avec cette « première » attendue dans de nombreuses collections des défilés pour la femme prévue pour la Fashion Week de Paris en septembre, peut-être en aurions-nous quelques indices queer et fems en juillet ? Car, poursuivre des défilés hommes et femmes alors que tous veulent converger vers le point de bascule, de Billy Eilish aux autres célébrités trans et queers.. « L’automne-hiver 26-27 sera une saison où l’on verra de nombreux changements de créateurs de renom dans des maisons telles que Chanel, Gucci, Balenciaga, Loewe, Bottega Veneta, Versace et Jil Sander », lit-on dans le fashion news. Alors que Le Monde souligne que Jonathan W Anderson  imposera le néo tempo créatif et sans oublier le retour de la maison Jean Paul Gaultier dans le calendrier des défilés à Paris emmené par Duran Lantik – après de superbes saisons d’exercices de style de shows couture exécutés par des couturiers-amis-invités. Entre Céline sans saveur mais revisité et qui tire la première salve avec un défilé couture sous les ardents feux de juillet.. Et alors que la nouvelle donne à l’image de la maison Givenchy y est performée avec grand talent et un sens du style du beau et du bien fait, dans la silhouette et dans les finitions entre maitresse tailleur et génie du flou d’une Sara Burton déjà depuis deux saisons. D’autres marques prestigieuses et festives précipiteront les afficionados au bord du nervous breakdown..

On nous prévoit de superbes joutes de communications, du love and hate en influence

Défilés looks « tarte » générés par IA, on est sauvé de ce côté là pour l’inspiration..

Les nouvelles donnes créatives

Mathieu Blazy pour la Maison Chanel promettrait une nouvelle aube au luxe du double C. C’est après quelques saisons célébrées chez Bottega Veneta, où était encensé son esprit mix & mash et autres twist & turns, entre la qualité de finition de ses inspirations, son sens des déséquilibres proportionnés, dans les corps et dans la couleur et son appétence pour les imprimés, dont la qualité des originalités doit tout à sa sensible et forte appétence pour l’artisanat de la haute façon.

Gucci : renaissance nécessaire

Chez Gucci, bolide dangereusement conduit très près de la faillite d’image avec un studio  de créations bien trop conditionné par un service marketing qui voulait inonder de sacs et mules tongs en cuir de vachette les boutiques d’aéroport et zones franches internationales. La maison milanaise se doit de renaître encore. Après sa saison des communications biopic de famille meurtrier et calamiteux, la GG brand sera-t-elle revivifiée avec un remix en machine par le philosophe des luxes Demna Gvasalia. L’acteur rogue majeur du style qui a emporté tous les suffrages et les sens du commun des fashionistas ? La bourse avait mal réagi à l’annonce de sa nomination, peut-être parce qu’elle n’a pas apprécié d’avoir servi de décor pour un show Balenciaga Spring 23 au Stock Market de New York, très Occupy Wall Street version sado-maso ?

Depuis Vêtements et Balenciaga, Demna Gvasalia s’est imposé comme l’interprète du fashion trouble de notre époque, et ceci malgré quelques mauvais détours par des impasses polémiques, entre associations de mots malheureux et joies païennes pour la dénonciation des réseaux sociaux en bandes assassines aux algorithmes organisées. Cette campagne d’outrage calibré, qui fut aussi une illustration de, quand utiliser « l’enfant » dans l’univers toxique de la mode signe un arrêt de mort – voir la fin de contrat en accéléré chez Vogue Paris en 2010. Demna aura secoué avec une rare bravoure la couture par un sel et des épices issus du commun et de la rue, toujours en phase miroir avec la jeunesse et le quotidien, dans une maison dont l’originalité historique, l’excellence du style et des finitions et la qualité de création étaient au sens fort en volume, par des matières originales, qui y ont été re-shapées , un néologisme au bancal assumé, par la cruauté et la radicalité de certaines associations et autres visitations de produits, par sa positions finalement politique et sociétale – même si, et surtout si ces cabas en plastique ont, entre autres, délicieusement pétrifié d’horreur et de dégoût le commun des mortels.

Balenciaga et Pier Paolo Piccioli

Quand on se plaît à imaginer Balenciaga par Pier Paolo Piccioli, et si on sait que ça va le faire, on espère que ça le fera même mieux que ça, tant ce créateur si sympathiquement décrit par le corps complet de l’écosystème presse et relationnel de la mode aura imposé des visions et des unicités d’inspirations, en volumes, en matières et en couleur. Entre autres sa collection rose shocking – bien avant dénommé le rose indien – qui a essaimé toutes les strates de fast fashion et de la moyenne gamme, jusqu’aux présentatrices météo. Ses idées mises en coutures devraient s’enfiler comme le gant de soie long mi-bras, indispensable avant toute sortie pour une première à l’opéra.

Loewe et les transitions

La perpétuation de la bonne fortune pour Loewe sera peut-être plus énigmatique, après le feu d’artifice d’un créatif multicanal qu’est Jonathan W Anderson. Même si l’association des Proenza Schouler étonne, surtout et n’a pas démérité depuis plus de 23 ans. Il y a dans leurs propositions – manquant parfois de moyens dans les courages et dans la surface de visibilité des shows à New York, où tout est trop grand, trop large, trop orienté business compatible pour être réellement marquant – et tellement business cependant que les deux créateurs ont signé un contrat de rupture avec leur propre marque pour s’en libérer afin de pouvoir endosser une nouvelle carapace brand. Peut-on imaginer une Anna « Mary Poppins » Wintour susurrant aux oreilles des Arnault – puisqu’il n’y en a pas qu’un – de récupérer ses vaillants chouchous pour les mettre à l’abri avant toute inflammation de la crise ?

Marc Jacobs : l’exception new-yorkaise

Surtout quand un Marc Jacobs, encore plus inspiré et créatif de l’extrême, tient un studio de couture à New York, puisque ses créations rembourrées, de robes et autres blazers tops et manteaux ne sont vendues que chez Bergdorf et Isetan (The Cut). Il continue à ravir le morceau dans ces shows hors calendrier, avec une liberté saisonnière à chaque fois déroutante, masterful et stylistiquement accurate et surprenante, même si certaines critiques lui reprochent une certaine platitude et un bégaiement dans les lignes, voire une répétition (The Fashion Spot et The Cut). Après son show des panoplies pour poupées, aux inspirations à la Tim Walker par Grace Coddington, la continuation inspirée par une ligne graphique extrême que la presse désigne comme Betty Boop en images augmentées, n’en a pas moins ravi les quinquagénaires socialites et hollywoodiennes qui pouvaient additionner aux paddings leurs silhouettes dans des tenues glamour aux drôles de dégaines pour le Met gala.

Versace et Dario Vitale

Tandis que chez Versace l’armoire du showroom via Gesù déborde de 47 ans de flamboyantes et marquantes réalisations de Gianni, et de celles des suites par Donatella, les pros ne devraient pas bouder leur plaisir lorsqu’ils s’assiéront (à plein volume de bande sonore ? ce qui peut rester le branding de l’ambiance des shows Versace 2.0) devant le premier show que signera Dario Vitale pour la marque des superlatifs. Lui-même ayant assuré de son courant vital napolitain les succès de Miu Miu. La marque pilotée par Miuccia toujours bien sûr, mais qui depuis plus de 10 ans demeure une excellente cash machine du Prada Group. Avec cette forte soif et une faim de surprises en pièces désirables, dans leurs associations et par leurs vertus stylistiques d’ensemble, c’est là aussi une maestria d’éducation de l’œil d’un Vogue Italia toutes époques confondues, du Vanity Fair, Bambini, Uomo, etc., entre autres parutions de productions incroyables sous la regrettée Franca Sozzani qui irriguerait d’inspirations cette rivière-là.

Les autres maisons en mouvement

Bottega Veneta est un trop bel outil aux applications artisanales trop désirable et aux métiers d’artisans talentueux pour décevoir aux échos du style de Louise Trotter, qui peut y ranimer l’essence minimaliste du luxe intriqué et de la luxuriance de la pleine peau.

La désormais survivante Jil Sander brand pourra-t-elle continuer à impressionner son public restreint des business, fashion and art interns d’Europe du Nord, pour être en faveur de continuation dans le marché à l’impeccable amidon ? Il y a peut-être une carte du plus et sensible qui sera jouée par l’œil de Simone Bellotti, formé aux studios d’un Ferré entre autres et qui assurait une oasis de sens et style dans les collections Bally à Milan depuis quelques années.

Valentino et Alessandro Michele

La variation des garde-robes en forme de réinvention des ré enchantements chez Valentino par son designer Alessandro Michele, quand ils évoquent les meilleurs ensembles des films de Pasolini, sont, elles, encore un bel exemple de maestria stylistique du recyclage qui devraient tenir leur rang spectaculaire à cette occasion des shows du nouveau « Winter is comming. ».

Jean Paul Gaultier et Duran Lantik

Duran Lantik ou quand le latex protége encore longtemps

Et cette question : profiterons-nous à plein de la maestria inventive de Duran Lantik chez Jean Paul Gaultier ? Où ne profitera-t-il pas des coffres et des réserves d’archives de créativité et d’excitation entre autres marqueurs générationnels qui constituent ce corpus des bases du terrible enfant ? Seront-elles revues par une façon très intense et amusée du créateur néerlandais ? Ou pas du tout ? Lui qui a secoué le landerneau médiatique avec son tee-shirt latex, chair de femme sur homme et chair d’homme sur femme qui aura cyber-voyagé dans toutes les rédactions et via tous les réseaux, même et surtout sans attribution ni légendes ni dénomination, ce qui est parfois une grande réussite en soi, puisqu’alors on sort du simple cénacle mode et de la presse et des influenceurs, on touche le grand public… En à peine un défilé, on peut lui prédire une carrière illuminant les Fashion Week. Les léotards léopards et tigres peints sur les corps ont un écho avec la TTSWTRS dont la présentation à New York jouait avec un vestiaire près de la peau et de la cosmétique des lingeries, une esthétique nue et tabou extrême qui frise avec les scandales et le désir des fems…

Jonathan W Anderson chez Dior

Et maintenant, si nous revenons aux affaires avec Jonathan W Anderson, qui semblerait avoir mené sa cour, selon les journalistes et éditorialistes de mode, depuis plus de dix ans afin de convaincre B. Arnault de l’excellence de sa capacité en pilotage du fleuron de son écurie des luxes. On pourra sans réserve imaginer JWA pluri talentueux du signe de la Vierge, qui implique dans les portraits astrologiques psychologisés une obsession et une grande dédicace à son art. Un jeune homme en totale addiction au travail dont le quotidien tient dans un flux tendu de création vivifiée par son appétence à l’art, aux créations artisanales et au design et à la photographie. Il paraît animé d’une grande fraîcheur et franchise relationnelle, toutes portes fermées. S’il tient la barre pour les 8 ans à venir, ce qui est le parcours des récents DA de la marque, ce seront pas moins de 144 collections que celui-ci et son équipe créeront entre toutes les lignes Dior, sa marque qu’il entend conserver et Uniqlo.                                                          Il est agréable de l’écouter à ce propos, dans la formidable capsule « YouTube » de Bella Freud, dans sa ravissante maison du quartier du West End de Londres de Maida Vale, où l’Irlandais du Nord se livrait à une psychanalyse des créateurs dans leurs motifs et intentions allongé dans son cabinet des confessions du style. Pour distinguer chez JWA une qualité de personnage à qui l’on reprochera souvent que tout lui est dû, mais où il n’aura pas démérité pour l’obtenir. C’est un créateur inspirant et entraînant. Son premier défilé homme en était une illustration comme une fête de dortoir dans un manoir aux références galvanisées.

https://youtu.be/nkMocFuF3Kk?si=EFJfxXJ4W5LhBpjS

Haider Ackermann et les nouvelles collaborations

On ne saurait oublier le merveilleux Haider Ackermann au volant du bolide vintage 90’s Tom Ford et du design sport chic et haut de gamme de Canada Goose. À ce propos sur son profil Insta on peut admirer le vertigineux voyage de presse pour happy few qu’a produit la marque pour sa récente collection dans le désert du Mojave). Le créateur remarqué pour son exercice de style dans la couture PE 23 chez Jean Paul Gaulier. Pour Tom Ford, a signé pour son premier show homme et femme à haute implication business, fatalement scruté entre le groupe Zegna et la Estée Lauder Company, une ambiance de havana leather coach club privé au parterre exclusif. Un premier show noir et lainages stabilo pastels jaune, bleus et vert toxiques, entre hommage à David Bowie et au business and power attire évoquant les lignes d’un Halston pour les silhouettes femmes. Un Bowie période USA hallucinations, au style qui fut une version très courte de cette période des tournées Philly Dog tours en 1974, avec son look de maigreur à la mèche rousse flamboyante entre Ziggy et Rita Hayworth, avec un délicieux costume pistache (on en veut…), le premier référentiel reconnu par la presse fut cet aspect renvoyant aussi à la maniaquerie psychotique d’American Psycho.

Bowie Philly Dogs Tour Intw 1974

L’air du temps : silhouettes tranchantes

Car l’époque est aux silhouettes tranchantes et précises, comme celles du magnifique show couture de Daniel Roseberry, lancé dans une évocation d’Icare chez Schiaparelli, avec ces robes boîtes, pour boudoir, aux teintes de lingeries de soie et aux volumes de chitines d’insectes en gazar, tulle et plissés, brodés, en couleurs de soie greige champagne, toast et cachemire. Les plus âgés y retrouvaient également cette maestria des tailles et volumes vase dégageant cous et épaules d’un Claude Montamat dit Montana… Disparu dans un oubli total en 24.

Conclusion : le spectacle malgré tout

On ne saura donc où tourner la tête dans cette vitrine des merveilles des défilés de l’automne, an 2 de Trump, qui ne sont destinés qu’aux 1% et à leurs employés directs, les autres demeurant cette figuration intelligente qui colore la diversité des présentations, témoigne des liesses et de leurs spectacles qui auront encore lieu, malgré les désordres et la guerre. Alors que la moitié de la planète suffoque sous les frusques et les charpies des bas de gamme et qu’on ne peut faire un voyage sans être le potentiel acheteur de la moindre fringue, accessoire, chaussure, sortis des forges de l’enfer du retail factories… Si nous périssons sous les fringues ? Que cela soit dans une haute qualité de spectacle qui honorera notre aveuglement.

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