L’architecture des réalités mises en scène.
(re) construire Disney.
Arc en rêve du 28 03 – 06 10 24.
Entre deux ondées, après avoir présenté nos hommages aux cerisiers en fleurs du quai des Chartrons, la saison bat son plein Le 28 mars, avec l’inauguration d’une exposition qui devait prendre place l’année passée.
“All you want to know on the Disney !”.

A l’expectative de ce programme, le suspense le disputait à la surprise, car au fond qu’attendre d’une exposition sur Disney chez Arc en Rêve aux entrepôts Lainé et leur sélectivité distinguée ?
Essoré de pluie, nous prenons place dans la salle des conférences, le propos devait être exposé.. avant l’exposition.
La commissaire de ‘’ L’architecture des réalités mises en scène.(re) construire Disney’’, Saskia van Stein nous enchantera alors de son récit, l’objet d’une recherche dans les archives Disney, liant histoire de l’art graphique, de l’architecture et du design des années 20 du 21e siècle au futur contemporain. Ses recherches déploient une prospection multiple depuis l’enfance de Walt jusqu’à sa quasi-dissolution, de corps en esprit incarné dans sa seule signature, un emblème à la puissance quasi spirituelle mondialisé, où tous les paramètres d’une charte visuelle et idéologique, depuis les symboles, la réputation et l’influence ruissellent encore aujourd’hui dans tous les inconscients.
La fondation d’une carrière diluée entre sa vie privée et le parcours illustre d’un entrepreneur en bute aux drames du siècle et porté par les avancées technologiques de l’après-guerre. L’idéologie progressiste d’un modernisme générateur de fantasmes, mise en images dans les productions de l’usine à rêve, sont ici passées au tamis de la critique moderne qui en pointe les déséquilibres en termes de représentativité, d’exclusion et les partialités des autres ombres de la machine du royaume magique et son démon dévorant du marketing.

La pâte du gâteau était épaisse, cette présentation par la vastitude de son sujet en l’occurrence, même pétrie, il était bien impossible de l’amincir pour en monter un délicieux feuilleté à la légère pâte pâtissière, un gâteau des fées..
Les implications d’une responsabilité des schémas créés par Disney Inc, aux productions qui ont défini l’usine à divertissement nourriront et s’imposeront pour les esprits du XXe au XXIe siècle. Saskia van Stein nous en livre avec élégance et chaleur les éléments, ou plutôt la profusion des éléments et leurs constructions, en se livrant finalement à une véritable psychanalyse du patient Walt Disney.
Le parcours de Walt l’enchanteur, illustré depuis la main street du Middle-West où petit garçon rudoyé par un père stricte et insensible il créera une première cellule de bienveillance et de sauvegarde avec son frère Roy. Une cellule qui constituera à partir de cette époque une alliance qui les mènera jusqu’en 1966 après la mort de Walt où Roy reprendra les rênes de dirigeant du Royaume magique devenue une entreprise aux succès à l’hégémonie contestée pour ces biais idéologique d’éducation aux divertissements.
Les recherches et influences sont expliquées et reliées par une large enquête, dans toute la masse des créations des studios Disney qui infusera et se diffusera à la suite des premières années. Depuis les paris insensés de l’entrepreneur enthousiaste croqueur de pastiches durant la guerre qui engagera une petite actrice pour danser dans un film parlant avec des fleurs et des arbres, ou de produire un long métrage sur le destin d’une princesse blanche comme neige et des nains, d’après un conte sombre et oubliée de littérature européenne, autant de paris esthétiques dans les mains d’un joueur enthousiaste et spécialiste des mises en abime comme coups de poker.
Disney, l’homme, agit également comme le cataliseur d’inventions d’une nécessaire technologie de pointe que les studios développeront pour les besoins de fluidité de l’animations et la qualité de perspective de ses décors des films entre autres.
La présentation de l’exposition est foisonnante, débordant depuis l’influence sur Disney de l’architecte européenne jusqu’à l’influence de Disney dans ses créations des architectures du divertissement.
A la manière du miroir inversé (le miroir de la Reine /au style Rococo.. ), la mise en scène de l’exposition est composée autant par la matière première du studio et ses employés, que par les personnages des créations de cartoons, quand ils sont mis à disposition de la propagande de la seconde guerre mondial, animant les campagnes dee levées de fonds pour l’effort de guerre. L’oncle Walt leur fait alors porter de lourdes responsabilités avec l’engagement de ses personnages devenus féroces et tout à la fois comiques combattants. Une face sombre qu’ils exploreront dans la psychologie des productions des années 60 et 70, autant comme Goofy dans Goofy’s Freway Trouble (1965). L’incarnation du mal est de nature grandiose chez Disney, pour les méchants des productions qui n’ont jamais été moins brillant que les héros aux mille vertus des productions du Royaume magique.
Le studio, son enfant, sa créature, deviendra un ennemi lui-même le jour où les mouvements sociaux des unions de travailleurs comparent les disparités de revenus entre eux et évoquent la pingrerie d’oncle Walt dans la distribution des salaires.
Walt n’était pas émule de l’auto critique, mais devant la virulence de cette crise, il percute sa seconde dépression nerveuse. En 1927, la première, lui avait donné l’influx de créer le personnage de Mortimer, rebaptisé Mickey par son épouse dans le train qui les ramenait de New York accompagné d’Ub Iwerks ou son ditributeur Charles Mintz lui vola les droits d’exploitation de Oswald le Lucky Rabbit, ce premier personnage de cartoon qui n’eut finalement pas de carrière, mais métamorphosé par la Warner Bros en succédané Bosko inaugura les prairies des Lonney Tunes..
Cette nouvelle dépression, presque 20 ans plus tard, le confina dans son jardin où il créa un réseau de voie ferrée et un train sur lequel il se jucha, monture mécanique créée pour son plaisir et l’inquiétude de ses proches. On le croyait bon pour l’asile, il préparait son prochain projet, comme une réaction devant l’adversité, les mauvais comptes d’exploitation des studios, puisque les spectateurs semblaient délaisser les salles de cinéma il leur ouvrirait les portes du royaume magique : Disneyland.
A partir de cette époque la conférence de Saskia, entre les constructions du Royaume, ses plans, toutes les créations passent en phase d’analyse en re-construction : depuis la place des femmes, des acteurs de personnages noir-américains, les inquiétudes pour l’injustice du temps prennent la forme d’un réquisitoire qui rompt le cours du récit, un fleuve de sens aux courant contrariés qui conduit et emporte toute la culture des divertissements globalisés vers des examinassions par l’époque.
La qualité de l’exposition combattant la mièvrerie et le conformisme, le sentiment du fan, ou l’admirateur est secoué puis souffre d’une confusion des sens. Quand il ‘s’agit de la question des activités de dénonciation de Walt comme instrument de vengeance contre les ouvriers syndiqués du studio ayant animé et mené les grèves de 41, ou la démesure de l’influence politique du « Royaume » (nom bis de Disneyland), un joyau au prisme de la communication liant le futurisme à une vision stéréotypée pour générations citoyennes conformistes, la charge et les fautes du magicien devenu entre-temps grand ordonnateur du temps télévisuel, avec son Disney channel et ces programmes d’une mise en scène de la vie sauvage idéalisée, on dénonce le robinet pour toutes les heures afin de tenir les enfants sages et les éduquer en d’ardents consommateurs.

Mais visitons plutôt cette exposition, finalement, qui est une vraie cave au trésor, l’effet de loupe qui en lie les différentes parties par des entrées en ronds, brisées, pliées des parois aux murs invisibles, où il sera utile de lire les cartels pour savoir pourquoi, et même si beaucoup ont abandonné leur bob Mickey sur les plages du club fermé pour l’hiver, l’ensemble passionnera les indécis.
L’exposition serait par ailleurs, une formidable proposition a partager au Walt Disney Family Museum de San Francisco, un musée privé ouvert au public par la famille Disney dans le Maggie Daley Park avec vue sur le Golden gate Bridge de San Francisco, où toutes les histoires, genèses et portraits des artistes qui ont contribué aux productions du studio Disney sont exposés dans un bâtiment d’un ensemble immobilier cossu, clos de jardins aux mélèzes remarquables, un environnement où sont liés et exposés de nombreux ingrédients de la manufacture du monde magique.





Un lieu visité par l’auteur de ce billet le 18 mai 2017, date d’une étape de voyage des mémoires où l’on apprenait le décès de Chris Cornell du groupe Soundgarden, où là un effet de contraste saisira le visiteur juste sorti de l’évocation du séjour magique par une cérémonie sauvage où l’on diffusait Black Hole Sun au milieu des verts gazons de ce séjour idéal.

Les fleurs de cerisier, Hanami, ou ce temps de mémoire et de célébration célèbre notre conscience de l’impermanence et parfois l’esprit d’un disparu, tel mon père dont je venais d’apprendre le décès, une collision des symboles provoquée, le soir de cette inauguration fut d’assister à cette conférence toute à l’exposition de l’esprit d’un père symbolique, un refuge des consolations d’enfant. Il m’est arrivé longtemps de faire des rêves, celui d’un habitant d’une résidence dans les rues de Disneyland, comme un extra, un de ces « joyeux acteurs » résidant et se déplaçant dans les coulisses, en fait dans ce réseau de tunnels qu’avait créé oncle Walt afin que les figurants des mondes et des univers de Disneyland ne perturbent pas le décor en se promenant dans la mauvaise ambiance, troublant la mise en scène. Une parabole de notre environnement urbain, là où chacun se jauge selon son adéquation à un quartier. Les créations du studio et son empire sont devenus autant d’éléments de communications aux déclarations lourdes de visées publicitaires, mais il vous faudra peut-être oublier les critiques pour apprécier l’exposition, la toge de l’avocat ou du juge sera disponible au vestiaire des figurants.

English vesrion : https://styliteeye.com/the-marvel-of-it-all/







