Anaïs Vindel

Zone Trois Galerie Bordeaux

Crépuscule pluvieux, la vitrine de « Zone Trois galerie » rue Notre dame dans le quartier des Chartrons s’embue au soir du 13 décembre. On y aura vu d’autres vernissages quand le lieu était la galerie au RezdeChaussée. Les œuvres exposées sont composée d’encre sur grands formats exécutées par l’artiste Anais Vindel – les toiles emplies d’une nuée colorant par l’aplat de grandes lignes et courbes, formes embuées en teintes ocre brun, ou nuées contenues dans des petits et moyens formats. Ce brun ou ses marrons, c’est aussi une teinte de caramel et de terres de sienne, chez Pantone on cite le Bombay Brown. Quelles que soient comment on les désigne, feux, roux d’orange, rouille, ou le fumé des flammes d’écailles, toutes ces chaleurs colorées nous unissent dans une sensation chaleureuse, comme celle de la chambre des Ambres de la grande Catherine à Tsarlkoïe Selo, une ambiance mystérieuse englobant tout le corps, une plongée intérieure par le regard. 

Le rapide texte d’introduction de la galerie nous invite à ressentir les chaleurs du sud et la rusticité chaleureuse de la poterie, c’est humble et franc. Pourtant, en observant dans la trame textile des toiles, très serrée, la manière dont l’encre bue s’étend et nous attire dans des jeux flottant de similitudes, au velours du regard, ces encres bistres, bois et  orangées qui colorent cette surface et texture en coulées libres et contenues, les volumes obtenues créent des supports formes qui convoquent à l’esprit les larges aplats d’Helen Frankenthaler, bien sûr sans aucunement noyer l’expression originale d’Anaïs Vindel, sous le flot de références brutales, cette récente production est désignée comme faisant suite à sa résidence à la galerie du petit atelier, place du marché de l’Herne pour cette jeune artiste.

 

L’on peut néanmoins décider de l’accueillir secrètement, pour notre propre esprit, dans le groupe des artistes à l’effet zen, embrassant en un seul geste format et surface, tels Tomie Ohtake, ou Suzan Frecon, ou plus récemment l’effet de sculptures en aplat tracées de lignes de couleurs de Ronan Bouroulec dans ces formes composées de couleurs lignes, sans perspective, écrasées de volumes en transparence. 

Pour tout artiste, « attraper » les grands formats, c’est aussi se livrer à de grandes fièvres couvertes, illuminées, proche d’une mystique comme Joan Mitchell, ou les magiciennes des couleurs et signes graphiques qui ont été redécouvertes récemment les peintres Hilda Af Klimt ou Agnès Pelton, ses encres tendues élargies et agrandis évoquant également la joie du déploiement de la couleur dans les aquarelles. On aimera donc se livrer à la douceur des encres aux marrons chauds d’Anaîs Vindel, le marron essentiel comme celui des robes de l’ordre Boudhique du village des Pruniers fondé par Thich Nath Anh, maître zen vietnamien à quelques km de Bordeaux en Dordogne. Dans un bel espace où le rythme apaisant de ces grands formats encourage à la visite jusqu’au 10 février 2024.

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