Les galeries, nouvelles institutions, conquièrent l’histoire de l’art.

Semble t’il ? La découverte des œuvres d’Eugène Carrières chez Kamel Mennour où le galeriste avec son commissaire Christian Alendete, agissent par leur neuve révélation du peintre mort en 1906 dont les tableaux sont mis en perspectives de masterpiece d’Henry Moore, d’Alberto Giacometti et les travaux récents de l’écurie d’artistes contemporains.

Galerie Kamel Mennour rue St André des Arts

C’est une exposition découverte en culture d’histoire de l’art. Elle aurait d’ailleurs toutes les apparences d’une exposition «hoax », si le catalogue raisonné trônant sur le bureau du speaker muet à l’entrée de la rue Lodi, n’était la preuve de sa réalité tangible. Eugène Carrières était donc un peintre des peintres, un phare éloigné aujourd’hui des valeurs refuges du marché de l’art, mais pas étranger à la création des arts modernes. D’antan, voisin et complice des sculpteurs Rodin et Bourdelle, fondateur de l’académie qui initie le courant dit des Fauves (Matisse, Derain, Jourdan), il aurait sa part d’influence sur les périodes rose et bleue de Picasso. Un petit tableau d’Eugène Carrière est accroché dans les tristes collections du Musée des Beaux-Arts de Bordeaux.

La sobriété voire l’âpreté des teintes qu’utilise le peintre, quasiment comme un brou de noix, dont l’économie des traits de pinceaux encrent presque subrepticement les contours des sujets. Dans les tableaux présentés rue de Lodi, cette curieuse famille aux ‘’repris’’ se juxtaposant comme des âmes enfuies, des présences ou spirites recomposent cette réunion sépulcrale. Cette exposition agit comme une confrontation sur plusieurs sites dans ce qui est une belle prestation en forme de salto arrière et rattrapage en patin à roulettes (voir l’instagram du brillant galeriste) entre art contemporain et héritage.

C’est peut-être, et déjà, l’effet d’une des prochaines révélations et re-découvertes, que la dernière recrue de la galerie Sylvie Patry, directrice issue du sérail des conservateurs d’Orsay, orchestrera (on connait l’espèce jalouse de ses savoirs et aux fantasques personnalités).

On serait donc à l’aube de nouvelles découvertes et des mises en lumière dans cette galerie d’art contemporain qui commence à s’étendre comme une institution à l’internationale. Il reste à espérer que la Galerie Kamel Mennour ne se transforme pas en ministère de la magie noire du marché de l’art, telle que la lugubre galerie Gagosian rue de Ponthieu aux bureaux frigidaires de funérarium., où l’impersonnalité de l’accueil glace, malgré ou à cause de la seule présence active de l’amène service d’ordre. L’exposition des récentes œuvres d’Ed Rusha, qu’on espère vibrant à 84 ans, pourtant il y cloute son inspiration sous les planches du seul concept. Dans les étages, une pièce aux lumières du mage James Turrell, agit au final comme un révélateur pour personnes sensibles à problèmes oculaires, les taches, mouches éblouies et vibrations se révèlent dans cette cabine de bien être, comme l’annonce d’une prochaine civilisation digne de l’âge de cristal ou du Soleil vert (Charlton Easton).

Les galeries voisines, avenue Matignon, une exposition rassemble les questionnements acryliques diluées du peintre, toujours en coulures sur grands formats de Bernard Frize chez Perrotin, où ces effluves ont des similitudes de nuages aux bouillons cosmiques. Ce sont les inquiétudes du temps qui passe, détruit et recompose pour fuir dans l’abstraction que les toiles de Yukimasa Ida chez Marianne Ibrahim concentre dans un ensemble décoratif d’ambiance virtuelle, là où une mignonne figure en bois facetée de petit cochon baptisée Mr Onion aura ravi notre préférence pour clore ces visites intenses..

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